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Quelle richesse un homme a droit de désirer ;
Quel fruit de son argent il convient de tirer ;
Ce qu’il en faut offrir aux siens, à la patrie ;
À quel titre le ciel nous a donné la vie,
Quel poste il nous assigne, et quels sont nos destins.
Grave, dis-je, en ton cœur ces préceptes divins,
Et vois, sans envier un gain si magnifique,
Chez l’heureux avocat du Marse et de l’Hernique,
Ces mets accumulés, moisis dans son buffet,
Riches provisions, noble prix du bienfait,
Lorsque dans le barreau son utile éloquence
D’un grossier campagnard a sauvé l’innocence.
Ici le chef brutal de quelque légion,
Repoussant ma doctrine avec dérision,
Oh ! de tous vos savans, pour moi, je me défie
Tenez, j’ai bien assez de ma philosophie ;
Ainsi, gardez pour vous, car nous n’en voulons pas,
Celle de vos Solons, de vos Arcésilas,
Gens tristes, malheureux, d’humeur atrabilaire,
Qui, la lèvre en avant, les yeux fixés à terre,
Dans le sombre chagrin dont leur cœur se nourrit,
Dévorent en silence et rongent leur dépit.
Voyez-les enfoncés, absorbés en eux-mêmes,
Se creuser le cerveau, se forger des systèmes,
Se tuer à peser quelque sophisme ancien ;
Rien n’est créé de rien, rien ne retourne à rien.
Voilà donc, s’écriera ce docte personnage,
Si nous vous en croyons, ce qu’on nomme être sage !
Ce qui vous fait pâlir, supprimer vos repas !
Il dit, et vous verriez un peuple de soldats