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Par quel art un noyau, lancé d’une main sûre,
D’une bouteille étroite atteignait l’embouchure ;
Et comment sous les coups qui le font circuler,
Un buis docile au fouet doit apprendre à rouler.
Mais toi, disciple ingrat de l’école stoïque ;
Toi nourri des leçons de ce sage portique
Où du Mède vaincu les combats sont tracés ;
Où plein d’un noble zèle et les cheveux rasés,
Le jeune homme, content de racines grossières,
À lire, à méditer, passe les nuits entières ;
Toi qui connais l’Y grec du vieillard de Samos,
Tu dors, et succombant sous le poids des pavots,
Ta bouche qui se fend de l’une à l’autre oreille,
Trahit à tous les yeux tes excès de la veille !
Quel est donc ton dessein ? quelle règle suis-tu ?
Vers un but assuré ton arc est-il tendu ?
Ou ne songeant à rien, comme un enfant qui joue,
Innocemment armé de pierres et de boue,
Te voit-on au hasard et par monts et par vaux,
Sans savoir où tu vas, poursuivre les corbeaux ?
Crois-moi, dans la santé, préviens la médecine.
Que sert, lorsqu’une fois le mal a pris racine,
D’aller à Cratérus offrir des monceaux d’or ?
Apprends, mortel fragile, il en est temps encor,
Apprends à te connaître, à voir en toutes choses,
L’étroit enchaînement des effets et des causes ;
Pourquoi l’homme ici-bas par les dieux fut placé ;
Ce qu’il est, et quel terme à ses vœux est fixé ;
Comment et de quel point franchissant la barrière,
Il doit ranger la borne et fournir sa carrière ;