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N’ébranla son plancher, ne brisa son pupitre.
— D’où vous vient ce délire ? à quoi bon, à quel titre,
Aux grands dont ce langage aigrit la vanité,
Sous des traits si mordants offrir la vérité ?
Entendez-vous les chiens qui grondent à leur porte ?
— En ce cas, mes amis, bon ou mauvais, n’importe,
Maintenant rien n’est mal, rien ne blesse mes yeux.
Vous êtes tous, oui tous, des êtres merveilleux.
Est-ce assez ? entendrai-je encore quelque plainte ?
— Profanes, loin d’ici, respectez cette enceinte.
— Peignez donc deux serpents, et qu’on lise à l’entour :
Les dieux dans cet asile ont fixé leur séjour,
Enfants, éloignez-vous. Pour moi, je me retire ;
Je renonce à parler, et ne veux plus écrire.
Mais quoi ! Lucilius, satirique mordant,
N’a-t-il pas mille fois déchiré sous sa dent
Lupus et Mutius et Rome toute entière ?
Et voyez, après lui, dans la même carrière,
Avec quelle finesse, Horace, sans aigreur,
Sans offenser les gens, se joue autour du cœur,
Et des traits délicats d’une aimable satire,
Effleure, en badinant, ses amis qu’il fait rire !
Nul d’un ton plus moqueur n’a raillé les romains.
Et moi, creusant ici la terre de mes mains,
Je n’oserai du moins en secret, à voix basse…
— Gardez-vous-en. — Il faut que je me satisfasse,
Il le faut ; oui, mes vers, je vous le dis tout bas,
J’en suis sûr, je l’ai vu : Midas, le roi Midas
A des oreilles d’âne. Eh bien ! cette boutade,
Ce mot, ce rien, ô toi qui refis l’Iliade,