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SATIRE I.



CONTRE LES MAUVAIS ÉCRIVAINS.


PERSE, UN ADVERSAIRE.

Que de futilité ! que de vide ici bas !
— Bel exorde vraiment, mais qu’on ne lira pas !
— Est-ce à moi que s’adresse un si brusque langage ?
— Personne encore un coup ne lira votre ouvrage.
— Personne ? — Non personne, et c’est honteux. — Pourquoi ?
Parce qu’un Labéon l’emportera sur moi
Devant Polydamas et tout ce peuple femme !
Eh ! qu’importe au talent leur louange ou leur blâme ?
Des vers sont-ils mauvais lorsque Rome l’a dit,
Et faut-il n’applaudir que ce qu’elle applaudit ?
Non, non, son jugement n’est pas ma loi suprême,
Et l’on doit ne chercher son avis qu’en soi-même.
Car dans Rome… que n’ai-je… ? et qui n’a pas le droit
De signaler ici les travers qu’on y voit ?