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Pour que les vins soient bons, les mets appétissans,
Les esclaves soigneux et leurs habits décens :
Et voilà qu’un démon s’en vient à la traverse !
Un dais mal suspendu sur les mets se renverse ;
Un lourdaud de valet bronche, fait un faux pas,
Et votre plus beau vase est mis en cent éclats.
Mais le roi d’un festin est comme un chef-d’armée.
Ce sont les grands échecs qui font sa renommée.
À ces mots, le patron reprenant ses esprits,
Que de tant de bonté vous accordant le prix,
Le ciel, cher Varius à tous vos vœux réponde !
Non, je ne connais pas meilleur convive au monde.
Il dit et sort. Chacun alors se regardant,
Chuchotte en son absence et rit de l’accident.
— Vraiment la comédie était divertissante ;
Mais comment a fini cette scène plaisante ?
— Tandis que Varius à boire bien dispos,
S’informe si le dais a cassé tous les pots ;
Qu’il demande du vin, et qu’à toute la troupe
Il donne le signal en présentant sa coupe ;
Tandis que Pantolabe à ces traits de gaieté,
De ses piquans bons mots joint la causticité,
Le patron rentre et semble, en changeant de figure,
Montrer qu’il a du sort su réparer l’injure.
Un esclave le suit qui, d’un air solennel,
Apporte avec une oie une grue au gros sel,
Et des merles brûlés, et des levrauts sans râble,
Et cent gibiers d’un goût sans doute délectable,
Mais qu’il vantait si fort que, n’y pouvant tenir,
Tous, en promettant bien de n’y plus revenir,