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LIV. II. SATIRE VI.

Tel qu’un maître d’hôtel expert en son métier,
Prend soin, à chaque plat, d’y goûter le premier.
Étalé aur la pourpre, enfoncé dans la soie,
Le rustique enchanté ne songeait qu’à la joie,
Tâtait, mangeait de tout, et s’applaudissait fort
De l’heureux changement survenu dans son sort,
Quand un grand bruit de clefs vient déranger la fête.
La porte s’ouvre. Où fuir ? Troublés, perdant la tête,
Nos rats sautent de table, et, pour chercher un trou,
Par tout l’appartement courent sans savoir où,
Cependant que des chiens aboyant dans l’enceinte,
La voix qui retentit redouble encor leur crainte.
Oh ! oh ! c’est donc ainsi que tu t’amuses, toi,
Dit notre Ermite ? Adieu : je retourne chez moi
Pauvre, mais sans regrets aux festins de la ville,
Là, si je vis de peu, du moins je vis tranquille.