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Enfin le sort heureux que le ciel me procure,
Si j’en sens tout le prix, ô propice Mercure,
Rends mes bœufs plus pesants et mes esprits moins lourds,
Et sois, comme en tout temps, mon guide et mon recours.
Maintenant qu’échappé du fracas de la ville,
Et comme dans un fort, en mon champêtre asyle,
Exempt d’ambition, sans soins, sans embarras
Je ne crains ni l’auster précurseur du trépas,
Ni l’automne de qui l’influence funeste
Enrichit plus le styx que la guerre et la peste,
Quel sujet convient mieux à mes vers familiers
Que les champs et la paix de mes obscurs foyers ?
Dieu du matin, ou bien s’il faut que l’on t’honore
Sous un nom qui te soit plus agréable encore,
Janus, toi qu’ici-bas l’homme religieux,
( C’est ainsi qu’aux mortels l’ont ordonné les dieux, )
Doit invoquer, avant de se mettre à l’ouvrage,
De ma muse légère accepte l’humble hommage.
À Rome, dès le jour, prompt à m’aiguillonner,
C’est un ami, dis-tu, qu’il faut cautionner :
Allons, cours de ce pas faire ce qu’il exige,
Ou tremble qu’avant toi quelqu’autre ne l’oblige.
Il grêle, l’on entend siffler les aquilons ;
L’hiver chargé de neige est aux jours les moins longs ;
N’importe, il faut marcher ; et quand chez le notaire,
Je me suis engagé d’une voix haute et claire,
Me voilà dans la foule au retour arrêté,
Luttant et malgré moi par le flot emporté.
Que veut ce fou, dit l’un ? quelle affaire le presse ?
Est-ce qu’il croit, ajoute un autre avec rudesse,