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LIV. II. SATIRE III.

Un taureau sous ses pieds avait dans un pâtis,
D’une grenouille absente écrasé les petits ;
Un seul en réchappa, qui courut à la nage,
Raconter à sa mère, au fond du marécage,
Comment un animal énorme, furieux
Venait de massacrer ses frères à ses yeux.
Elle qui se croyait pour le moins un colosse,
Quel est donc, ô mon fils, cet animal féroce ?
Est-il plus gros que moi, dit-elle, en se gonflant ?
Regarde : — Oui, de beaucoup. — M’y-voici donc — Néant,
Et quand dans votre peau vous crèveriez d’envie,
Sans l’égaler jamais vous perdriez la vie !
Vous voilà trait pour trait. Joignez à ce travers
Cette démangeaison, cette rage des vers….
C’est-à-dire, jetez de l’huile sur la flamme :
Et si, quand ce transport s’est emparé d’une âme,
On peut n’être pas fou, je vous crois de bon sens.
Je ne parlerai point de ces cris glapissans,
De ces fureurs…. — Holà. — De ce luxe…. — Silence.
— De ces dehors brillans d’une fausse opulence….
— Mêlez-vous de vous-même, ô le plus grand des fous,
Et ne reprenez pas des gens meilleurs que vous.