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À travers les frimas par ton zèle emporté,
Sur le mont Apennin dors la nuit tout botté :
Toi qui pendant l’hiver affrontant les naufrages,
Cours chercher le poisson aux plus lointains rivages,
Je vous en dois l’aveu, fainéant que je suis,
J’ai moins de droit que vous aux biens dont je jouis.
Venez donc partager ma fortune brillante.
Toi, reçois vingt talens, toi trente, toi soixante.
Mille traits de folie égalent celui-là.
Le fils d’un histrion soupait chez Metella ;
Il voit le diamant qui brille à son oreille ;
Le prend, le fait dissoudre, et comme une merveille,
Dévore, en l’avalant, mille talens d’un coup.
Que ne le jette-t-il plutôt dans un égout !
Les deux fils d’Arrius, noble couple de frères,
Vrais jumeaux entêtés de frivoles chimères,
Et d’un luxe coupable également épris,
Vivent de rossignols achetés à tout prix.
Qu’en dirons-nous ? faut-il pour tracer leur histoire,
User du crayon blanc ou de la pierre noire ?
Qu’un vieillard à cheval monte sur un bâton ;
Qu’il attèle des rats ; qu’il joue à pair ou non ;
De ses sens, direz-vous, il a perdu l’usage.
Mais, si je vous prouvais qu’un homme de votre âge,
Quand il est amoureux, est encore plus sot,
Et que, malgré sa barbe, il a l’air d’un marmot,
Se livrant sur le sable à quelque jeu folâtre,
Lorsque d’une Laïs follement idolâtre,
Il vient en sanglotant lui demander pardon,
Parlez, vous verrions-nous imiter Polémon,