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Que vous a donc servi cette savante escorte,
Ce cortège poudreux d’auteurs de toute sorte,
Archiloque et Ménandre, Eupolis et Platon ?
Peut-être, en abjurant le culte d’Apollon,
Vous vous êtes flatté de désarmer l’envie :
Mais de l’opprobre seul l’indolence est suivie.
Évitez, croyez-moi, les langueurs du repos,
Ou renoncez au fruit de vos premiers travaux.
— Que le ciel, Damasippe, entendant ce langage,
Vous envoie un barbier, pour ce mot d’un vrai sage !
Mais comment mes défauts vous sont-ils si connus ?
— Depuis que sur la place où préside Janus,
Ayant perdu mon bien, je n’ai plus rien à faire,
Des intérêts d’autrui je fais ma seule affaire.
En antiques jadis j’étais grand connaisseur :
D’un marbre bien sculpté je savais la valeur,
Et distinguant des arts les merveilles diverses,
J’aurais de tel tableau donné mille sesterces.
Tous les jours j’achetais des maisons, des jardins :
Mes calculs étaient sûrs et mes profits certains :
D’où chacun me voyant en si bonne posture,
On ne m’appelait plus que l’ami de Mercure.
— Vous étiez, il est vrai, son plus cher favori ;
Mais d’un pareil travers qui donc vous a guéri ?
— Un travers tout nouveau qui vint prendre sa place.
Des pieds à l’estomac ainsi la goûte passe :
Ainsi ce léthargique, assoupi le matin,
Le soir devient Athlète et bat son médecin.
— Soit, pourvu que saisi d’un semblable délire,
Mon cher, vous n’alliez point ici…- Vous voulez rire ;