SATIRE III.
— Vous écrivez si peu qu’en un an tout entier
Vous ne demandez pas quatre fois du papier,
Sans cesse revenant sur vos premiers ouvrages ;
Sans cesse vous plaignant de ce qu’à nos suffrages,
Trop ami du bon vin, au sommeil trop porté,
Vous chants n’offrent plus rien qui puisse être vanté.
Qu’attendez-vous ? allons : vous voilà loin du Tibre,
Loin des plaisirs bruyans, à jeun, et l’esprit libre :
Exécutez enfin vos superbes projets :
Commencez. — Je ne puis. — D’où vous vient cet accès ?
Quoi ! si de votre plume il ne sort rien qui vaille,
Votre dépit doit-il s’en prendre à la muraille,
À l’encre, au parchemin, objets infortunés
Aux auteurs eu courroux par les dieux condamnés ?
Pourtant, si dans Tibur, loin du bruit de la ville,
Jamais vous vous trouviez en un champêtre asyle,
Chaque jour, disiez-vous, de votre heureux cerveau
On devait voir éclore un chef-d’œuvre nouveau.