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Dans la langue des grecs je m’avisai d’écrire,
Même d’écrire en vers ; mais plaignant mon délire,
Quirinus, à minuit, quand chaque songe est vrai,
M’apparut, et blâmant un ridicule essai,
Quoi ! des faiseurs de vers dont la Grèce fourmille,
Tu veux accroître encor l’innombrable famille !
Autant vaudrait porter du bois à la forêt
Je ne résistai point à cet ordre secret ;
Et tandis qu’Alpinus, effrayant Melpomène,
Du meurtre de Memnon ensanglante la scène,
Ou du Rhin limoneux défigure les traits,
Moi, je trace en riant de plus légers portraits,
Peu curieux de voir mes sublimes ouvrages
Du sévère Tarpa captiver les suffrages,
Et cent fois accueillis de bravos redoublés,
Charmer au Palatin mes amis rassemblés.
Heureux Fundanius, toi seul en Italie,
Relevant de nos jours les autels de Thalie,
Tu sais nous y montrer, nous y peindre avec art,
Davus et Chryséïs se jouant d’un vieillard.
Pollion, au théâtre, en pompeux iambiques,
Représente des rois les disgrâces tragiques.
Varius, chantre altier de mille Ajax nouveaux,
Est le rival d’Homère et n’a pas de rivaux ;
Et les pipeaux légers des nymphes de Sicile
Reprennent leur douceur sous les doigts de Virgile.
Un genre où sans succès Varron s’était montré,
La satire restait, je m’en suis emparé ;
Non qu’au front de Lucile avec gloire attachée,
La palme par mes mains en puisse être arrachée ;