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PRÉFACE.

Le nom qui est en tête de ce livre grandit de jour en jour à l’horizon littéraire. L’auréole de son génie rayonne déjà sur les Deux-Mondes. Malgré ses audaces de novateur, malgré les attaques d’une critique ignorante ou surannée, malgré sa nationalité norwégienne qui semblait le condamner à n’être qu’une gloire de clocher, il est devenu une véritable force morale. Le nombre de ses admirateurs est devenu légion. Et cependant si Ibsen est partout célébré, il est encore assez peu connu. En France et en Angleterre surtout, on l’applaudit ou on le condamne sans le lire et l’engouement des uns est aussi inconsidéré que l’hostilité des autres. Le scandale suscité récemment à Londres par les Revenants en est une preuve éclatante.

Certes, à une époque aussi avancée que la nôtre, un scandale pareil détonne, mais il n’étonne guère. Même à être moins prude et moins tartufe que le public anglais, on ne pouvait, il nous semble, que mésinterpréter le chef-d’œuvre du dramaturge norwégien.

C’est que nous cherchons en vain dans la critique un portrait du poète, nous n’en voyons le plus souvent que