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ACTE TROISIÈME.

CLAIRE, très-doucement.

Oui ! si vous vouliez…

JONATHAN.

Sa femme, n’est-ce pas ?

CLAIRE, timidement.

J’y venais !…

JONATHAN.

Celle qui prêche ?

CLAIRE.

Un peu ridicule, mais si bonne femme au fond.

CLAIRE, exaspéré.

Oui !… au fond. Tout au fond de l’eau !

CLAIRE.

Monsieur Jonathan !

JONATHAN.

Tenez ! tenez ! tenez ! Allez-vous-en ! J’aime mieux ça ! vous m’exaspérez !

CLAIRE.

Oh ! ne criez pas si fort ! je m’en vais !

JONATHAN, enlevant le guéridon.

Aussi bien, voilà une demi-heure que vous êtes là à me contrecarrer, à m’empêcher de fumer, de boire. Sacrebleu ! on ne m’a jamais mené comme ça, moi ! C’est honteux pour mon sexe !

CLAIRE.

Ah ! monsieur Jonathan !

JONATHAN.

Ah ! il n’y a pas de M. Jonathan !… M’avez-vous fait casser ma pipe, oui ou non ? Et tantôt celui qui aurait fait ça, je l’aurais jeté par la fenêtre ! Et tout ça pourquoi faire ? pour vous garder ici. Mais est-ce que j’ai besoin de vous, moi ? qu’est-ce que vous voulez que je fasse de vous ?

CLAIRE.

Mais ce n’est pas moi…

JONATHAN.

Si, c’est vous ! Vous faites la sucrée, là, avec vos petits airs… Si vous vouliez !… Si vous vouliez !… mais sac au diable ! c’est