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LES FEMMES FORTES.

CLAIRE, à part, traversant pour aller au cabinet.

Trop aimable !… (Elle ouvre la porte du cabinet.) Voici la malle !

JONATHAN, (Il prépare sa théière ; Claire cherche à tirer la malle hors du cabinet, il la regarde en haussant l’épaule.)

Vous n’en viendrez jamais à bout !

CLAIRE.

Oui, c’est un peu lourd !

JONATHAN.

Otez-vous de là ! ôtez-vous de là, je vous dis ! Vous allez vous faire mal !… (Il apporte la malle sur la scène, et regardant Claire.) Tiens, c’est la petite qui ne s’est pas évanouie hier.

CLAIRE.

Je vous remercie !…

JONATHAN, posant la malle à terre.

C’est vide !… Qu’est-ce que vous allez mettre là-dedans ?

CLAIRE.

Le linge de table qui est dans cette armoire. (Elle ouvre la malle.)

JONATHAN.

Ah ! c’est vous qui êtes chargée de ces choses-là !

(Il va pour verser l’eau dans la théière.)
CLAIRE, s’arrêtant.

Vous ne faites pas chauffer la théière avant ?

JONATHAN, surpris.

Non !

CLAIRE.

Il faut toujours commencer par là !

JONATHAN.

Oh ! je ne suis pas si raffiné que cela, moi !

CLAIRE.

Oh ! il n’y a pas besoin d’être raffiné pour… Voulez-vous me laisser faire votre thé ?

JONATHAN.

Un rendu pour un prêté ! — Je veux bien !

CLAIRE, après avoir échaudé la théière, préparant le thé.

Et où allez-vous le prendre, ce thé ?

JONATHAN, montrant la table.

Là-dessus !