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ACTE PREMIER.

GARIELLE, regardant par la fenêtre.

Tiens ! Voilà ton prince monténégrin, M. Lazarowitch Durandoio à cheval !

JENNY.

Ah !

GABRIELLE.

Toujours le soupir aux lèvres ! Pauvre jeune homme ! Viens donc le voir, il est plus triste que jamais !

JENNY, voulant la retenir.

Es-tu folle ! Après ce qui est arrivé…

GABRIELLE.

Quoi ! parce que mademoiselle Claire l’a prié de ne plus venir si souvent ?… Elle ne nous a peut-être pas défendu de le saluer !

JENNY.

C’est vrai !

GABRIELLE, à la fenêtre.

Bonjour, monsieur. Vous allez en promenade ?

LAZAROWITCH, dehors, soupirant.

Hélas, oui ! mademoiselle ! je vais au bois !

GABRIELLE, se retournant vers Jenny, en imitant son soupir.

Il va au bois !

JENNY.

Mauvaise !

LAZAROWITCH, de même.

Oserai-je vous demander comment se porte mademoiselle Jenny ?

GABRIELLE, l’imitant.

Hélas ! elle ne va pas mal, monsieur.

JENNY, avec reproche.

Gabrielle !

GABRIELLE, poussant Jenny vers la fenêtre.

Car elle est là, qui se cache derrière moi, pour que vous ne la voyiez pas !

LAZAROWITCH, dehors, soupirant :

Ah ! Adieu, mademoiselle !… Adieu ! (Il s’éloigne.)

JENNY, descend.

La ! tu vois bien, tu l’as blessé avec tes railleries.

GABRIELLE, riant.

Il est trop triste aussi, ton Lazarowitch.