rante ! — Ah ! c’est ma tante Toupart ! (Il fait comme s’il ne l’avait pas une et va pour s’éloigner.)
Mon neveu ! Je laisserai à d’autres le soin de faire appel à votre générosité… à d’autres la tâche plus ingrate de discuter vos droits… à d’autres le pénible office de vous intimider !… Je mettrai la question plus haut !… Je ne vous dirai rien…
Eh bien, à la bonne heure, ma tante !… vous êtes une femme raisonnable, vous ! (Recommençant ses comptes.) Et huit, trente-trois, et sept…
Rien que ce qui pourra toucher votre raison !… Et d’abord examinons la question au point de vue philosophique et social, et voyons, sur le fait d’héritage, si la législation a sauvegardé les intérêts de la femme… Eh bien, non ! mon neveu ! interrogez l’histoire… Esclave chez les Grecs et reléguée à l’ombre du gynécée, — servante au moyen âge et reléguée à l’ombre du donjon, — la femme n’a jamais pu ni ester en justice, ni contracter, ni acquérir, ni donner, ni écrire, ni penser, ni parler…
Mais vous voyez bien que si, ma tante.
Ne m’interrompez pas, Jonathan ! Et examinez d’abord les femmes antiques.
Eh bien, c’est tout vu, ma tante… restons-en là !
Plaît-il ?
Je dis que c’est tout vu !… Laissez-moi donc finir mes comptes, sapristi !… Et sept quarante, et dix… cinquante ! cinquante !
Mais je l’ai entendu ! et cette allusion à mon âge est du plus mauvais goût.
Hein ?
Vous ne répondez à mes raisons que par des insultes, n’est-ce pas ?