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ACTE DEUXIÈME.

QUENTIN, s’arrêtant.

Avec deux domestiques ?

TOUPART, se levant.

Voilà mon malheur ! C’est que j’ai deux domestiques maintenant. Quand je n’avais qu’une petite bonne, je n’avais que sa petite besogne à faire ; aujourd’hui il faut que je travaille pour deux grands diables !… Pulchérie a toujours des livres, des journaux à leur faire porter, rapporter, reporter au Havre… sans parler des lettres qu’elle s’avise d’écrire à tous les auteurs de Paris.

QUENTIN.

Pourquoi faire ?

TOUPART.

Pour leur dire qu’ils montrent la femme sous un mauvais jour…

QUENTIN.

Et on lui répond ?…

TOUPART.

Je crois bien, il y en a un qui lui a répondu : « Et vous donc !… »

QUENTIN.

Mais enfin, quand ils ne sont pas au Havre, les domestiques ?

TOUPART.

Ah ! alors… oui ! Ils font les courses de madame Lahorie !

QUENTIN.

Qu’est-ce que c’est que ça ?

TOUPART.

Madame Lahorie ? une nouvelle amie de Pulchérie… Une jolie femme, très-vive, qui a fait deux fois le tour du monde.

QUENTIN.

Et bien d’autres tours, probablement…

TOUPART.

Enfin, une gaillarde ! Tu vas la voir !

QUENTIN.

Je n’y tiens pas !

TOUPART.

Ni moi. Mais tu vas la voir… Ma femme l’a invitée à ton