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ACTE DEUXIÈME.


Scène II

QUENTIN, CLAIRE.
QUENTIN.

Ah ! c’est toi !… Le dîner, n’est-ce pas ?…

CLAIRE, lui remettant des lettres.

Non ! des lettres ! Jenny n’est pas rentrée ?…

QUENTIN, tirant une carte de sa poche.

Non !… Ah ! dis donc, qu’est-ce que c’est qu’un monsieur Lazarowitch ?…

CLAIRE.

C’est ce Monténégrin dont je vous ai parlé, mon parrain.

QUENTIN.

Ah ! oui ! le prince !

CLAIRE.

Oh ! prince, c’est douteux ! Est-ce que vous ne trouvez pas que ce nom-là sonne faux ?…

QUENTIN.

Je trouve qu’il sonne mal… Lazarowitch…

CLAIRE.

Du reste, il n’est plus inquiétant. J’ai su qu’il était perdu de dettes, et je le crois même à Clichy !…

QUENTIN, tirant une carte de sa poche.

À Clichy ? Il est ici, puisque voilà sa carte !

CLAIRE, vivement.

Ici. (À part.) C’est donc pour cela que Jenny sort si souvent depuis huit jours… et qu’elle rentre si tard !

QUENTIN.

Eh bien ! qu’est-ce qu’il te prend ?

CLAIRE.

Ah ! vous le voyez bien ! Jenny ne rentre pas, et je suis inquiète !

QUENTIN.

De quoi ?

CLAIRE.

Je vous dis que j’ai peur ; mon parrain. Avec ceux que l’on aime, on ne raisonne pas ces choses-là, on les sent !

(Elle remonté et disparaît dans le jardin, après avoir regardé tous côtés si elle voit Jenny.)