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TRAC.

C’est-à-dire qu’on ne peut pas le regarder !

KOFFRE.

Ça éblouit ! On ne voit plus rien !

CAROTTE, à part.

Mais je ne peux pas avouer… (haut.) Ah ! c’est l’habit, ça ?

ROBIN, feignant de lui tendre un pan d’habit.

Et tâtez, je vous prie !… quel grain !

CAROTTE, avec admiration.

Oh !… oh ! un grain exceptionnel ! Oh ! quel grain ! (Aux autres.) Tâtez !

TOUS, feignant de tâter.

Inouï ! Admirable !

ROBIN.

Si Votre Majesté veut juger de l’effet sur quelqu’un ! — Par exemple, M. le grand caissier, c’est fait pour lui !

KOFFRE.

Moi ?

CAROTTE.

Oui ! (A part.) Je verrai peut-être mieux ! (Haut.) C’est ça ! Essayons ! essayons ! vite ! vite ! vite ! (Koffre, effrayé, traverse le théâtre en laissant son habit aux mains de Pipertrunck. Rosée-du-Soir remonte au fond, pour voir si elle n’apercevra pas Fridolin.)

ROBIN, faisant semblant de présenter la culotte.

La culotte, d’abord ?

KOFFRE.

Devant le monde !… Attendez. (Il ferme à double tour les serrures de son gilet. Truck et Pipertrunck lui enlèvent la culotte. Il reste en caleçon.)

ROBIN.

Passez-moi cette jambe-ci ! (Vivement.) Prenez garde de déchirer ! (Il fait semblant de lui tendre une jambe de la culotte, et Pipertrunck l’autre.)

KOFFRE.

Il n’y a pas de danger !

ROBIN.

Et boutonnez-moi ça !… là !… (Truck feint de serrer une boucle.)

TRUCK, ployant les jambes avec un geste interrogatif.

Euh ? Euh ? Euh ?

KOFFRE.

Ça ne me gêne pas… non !

ROSÉE-DU-SOIR.

Le gilet ! maintenant ! (Même jeu.)