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ROBIN.

C’est le Forum !… et voici la Curie !… et l’édifice d’Eumachia !… et le temple de Jupiter !… et la rue des Orfèvres !…

PIPERTRUNCK.

Oui, mais s’il n’y a jamais plus de monde pour nous renseigner sur l’anneau !

FRIDOLIN.

En effet !…

TRUCK, haussant la voix.

Le soldat !… d’il y a dix-huit cents ans !… Jeune soldat !… où êtes-vous ?

ROBIN, reprenant la lampe.

Il a raison !… ce n’est pas Pompéi en ruines qu’il nous faut ! C’est Pompéi debout, avec ses temples, ses boutiques, ses passants, ses esclaves, ses femmes, tout son peuples !…

FRIDOLIN.

Telle qu’elle était le matin même du jour où le Vésuve l’engloutit sous les cendres !… Remonter dix-huit siècles en arrière !… Ton pouvoir, ô petite lampe, ira-t-il jusque-là ?…

ROBIN, passant la lampe à Fridolin.

Essayons !

ROSÉE-DU-SOIR.

Essayez !

FRIDOLIN.

Essayons donc. Fais ton devoir, ô lampe ! Et que ta flamme n’éclaire plus la Pompéi d’aujourd’hui, un cadavre sous la cendre ! mais la Pompéi d’autrefois !… florissante de vie ! (Le décor change.)


SIXIÈME TABLEAU.
POMPÉI.

A peine Fridolin a-t-il élevé la lampe que tout se transforme : les colonnes en ruines apparaissent entières, avec leurs chapiteaux, leurs guirlandes, leurs peintures. — Les temples se relèvent, les boutiques de barbiers, de boulangers, de fruitiers, de marchands de vin se décorent de leurs enseignes et de leurs étalages. — Partout des fleurs, des fruits, sous un ardent soleil. — La lampe disparaît.


Scène PREMIÈRE.

PYRGOPOLYNICE, officier, GURGÉS, élégant, CURCULION, parasite grec, MÉGADORE, poète, NUMÉRIUS,