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FRIDOLIN, à Quiribibi.

Ce moyen existe-t-il réellement ?

QUIRIBIBI.

J’ai consacré trois années de ma vie à le découvrir, et autant à le préparer ! Il est là (Il indique une lampe de bronze, de forme antique.) tout prêt ! Et le moyen de posséder ce fameux anneau, tu le sauras !… mais à une condition, c’est que tu m’aideras à secouer le fardeau de cette misérable vie !

FRIDOLIN.

Te tuer ?

QUIRIBIBI.

Tu hésites ?

FRIDOLIN.

L’affreuse condition ! Pour te récompenser ?

QUIRIBIBI.

Pas de débats ! Crois-tu que je t’aurais attendu pour cela si j’étais le maître de ma propre destruction ? Mais il me faut la main d’un autre ! Tu as besoin de moi, — service pour service ! — Obéis sans hésiter, l’anneau est à ce prix !

FRIDOLIN.

Moi ! assassin !

QUIRIBIBI.

Dis bienfaiteur ! — Es-tu prêt ?

ROBIN.

Sans doute !

ROSÉE-DU-SOIR.

Oh ! monseigneur, prenez garde ! (Robin lui fait signe de se taire.)

FRIDOLIN.

Encore faut-il connaître le procédé !

QUIRIBIBI, montrant le poêle.

Le feu !

TOUS, sauf Robin.

Le poêle !

QUIRIBIBI.

Il s’agit de m’y jeter, voilà tout !

FRIDOLIN.

Mais l’ouverture s’y refuse !

QUIRIBIBI.

Aussi faut-il d’abord me couper en morceaux !

ROSÉE-DU-SOIR.

Oh ! (Même jeu de Robin.)

QUIRIBIBI.

Ce qui sera du reste bien facile ! l’âge a si bien cassé mes pauvres membres ! (Il s’assied dans son fauteuil.)