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FRIDOLIN, hésitant.

Dame !… me défaire ainsi de ces précieuses reliques !…

ROBIN ET LES MINISTRES.

Inutiles !…

FRIDOLIN.

Je sais bien… mais…

ROBIN, avec chaleur.

Tandis que l’argent, — l’argent nous manque ! Il en faut pour le bal… Il en faut pour le feu d’artifice !… Et M. le baron vous le dira, — plus de crédit !

FRIDOLIN, hésitant.

Oui ! — mais si je ne me marie pas ?… si la princesse me déplaît ?

ROBIN.

Oh ! ça, vous allez le savoir tout de suite, car la voici !

FRIDOLIN.

La princesse ?

TRUCK.

Sans tambours ni trompettes ?

ROBIN.

Oh ! c’est une fantaisiste aussi, la princesse Cunégonde ! — La même idée lui est venue qu’à Votre Altesse ! — Prendre des renseignements sur son futur mari, et tourner bride, s’ils ne sont pas de son goût !

FRIDOLIN, riant.

Comme on se rencontre !

ROBIN.

Laissant donc son cortége à trois cents pas d’ici, elle arrive, en simple voyageuse.

FRIDOLIN.

Mais comment sait-il tout cela, ce gamin-là ?

ROBIN, riant.

Comme le reste !

TRUCK, redescendant.

Une amazone !… C’est elle, monseigneur !…

FRIDOLIN.

À l’écart, messieurs ! Vite ! (A Robin.) Et toi, mon petit trésorier, ne t’éloigne pas !

ROBIN, prenant le bras de Pipertrunck et l’entraînant vers la droite.

Soyez tranquille, mon prince. — Eh bien ! gros père ! votre police n’est pas encore de la force de la mienne, hein ? (Il l’entraîne avec Truck dans la brasserie.)