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FRIDOLIN, debout.

Voici mon plan ! — J’attends ici la princesse, qui arrive par cette route ! Je l’observe sous le masque de l’incognito !… Ou elle me plaît beaucoup, et je l’épouse… ou elle ne me plaît pas du tout, et nous la renvoyons, séance tenante, à monsieur son père, et voilà le plan !…

TOUS.

Houn !…

SCHOPP.

Très-grave !

FRIDOLIN, gaiement.

Moins que d’épouser sans dot une fille qui ne me convienne pas !

PIPERTRUNCK.

Mais si le papa se fâche !

KOFFRE.

C’est la guerre !…

FRIDOLIN.

Notre ministre des batailles lui répondra !

KOFFRE, avec mépris, montrant Trac qui se mire dans ses bottes, se peigne, etc.

Mosieu !

TRAC.

Plaît-il ?

FRIDOLIN, riant.

Cher baron, votre perruque s’agite !… je connais ça, vous allez vous fâcher !… Je crois, du reste, avoir bien posé la question ! — Quelle que soit votre opinion !… je n’obéis qu’à la mienne !

TOUS, s’inclinant.

Alors !

FRIDOLIN.

Je ne comprends pas le gouvernement autrement. Poli !… mais absolu !… Eh ! garçon, de la bière !


Scène IV.

Les Mêmes, ROBIN-LURON.
ROBIN, entré par la gauche, en jeune étudiant, et leur montrant le table qui vient de se couvrir subitement de verres de bière : saluant gracieusement.

Elle est servie, messieurs !… Et si vous voulez, à titre de camarade ! — me permettre… (Tous se retournent surpris, et se recouvrent vivement de leurs manteaux.)