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ACTE TROISIÈME.

UBERTA, avec violence.

Son nom ! je t’en conjure !

UGONE, haussant l’épaule.

Cela te rendra-t-il ton fils ?…

UBERTA.

Je le vengerai !

UGONE.

Et voilà ce qu’il ne faut pas ! — Il y a trop de haines déjà entre nous. Cet homme d’ailleurs n’a fait que son devoir de soldat… et crois bien qu’un autre n’eût pas été d’abord si clément.

UBERTA, insistant.

Ugone !… par grâce !…

UGONE, avec force.

Non ! femme,… de moi tu ne saliras rien de plus !…

UBERTA.

Ah ! tu le sauves !… (Sons de trompettes au fond.)

UGONE.

C’est à nous, cette fois ! — À nos postes ! — Adieu, Uberta ! (Tous se lèvent, font vivement disparaître les restes du repas et de la sieste, et reprennent leurs armes pendant l’appel, puis se rangent pour suivre Ugone.)

UBERTA, à Ugone prêt à partir.

Le ciel veille sur toi.

UGONE, ému et montrant la droite.

Et si l’on me porte là,… ma mère demeure à Saint-Maurice, la petite maison devant l’église !… ne l’oublie pas !

UBERTA, lui serrant les mains.

Dieu lui épargne cette douleur !

UGONE, de même.

Allons, du courage, Chrétienne… et au revoir !… (Il remonte et sort par le fond.)