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LA HAINE.

AZZOLINO, avec force.

Déposez vos armes !… ou cette porte, (La grande porte se referme derrière lui.) que je vous ferme à tous, vivants !… je ne l’ouvre même pas à vos cercueils !… (Silence. — Les armes s’abaissent.)

GIUGURTA.

Souffre du moins !…

AZZOLINO.

Et qui donc es-tu, toi, Giugurta, pour disposer ainsi de la demeure sacrée ? — Ce Guelfe a raison : l’église est faite pour tous ; elle n’est ni Guelfe ni Gibeline !… Mais d’une seule nation : celle du Christ !… et d’un seul parti : celui du Ciel !…

ORSO, remettant l’épée au fourreau et faisant signe aux siens d’en faire autant.

C’est vrai !…

GIUGURTA.

Qu’il soit fait à ton gré, saint Évêque !… (A ses gens.) Aussi bien, ils ont rengainé avant nous ! (Tous désarment. — Musique. — Sur un signe d’Azzolino, l’enfant descend avec l’Évangile, et s’agenouille au milieu de la place, tenant le livre devant lui.)

AZZOLINO.

Vous jurez donc sur l’Évangile !… de faire trêve à tout combat, pendant ce jour entier de la Nativité de la Vierge ?…

TOUS, étendant la main droite, après avoir ôté leurs gantelets.

Nous le jurons !

AZZOLINO.

Vous jurez d’assister aux offices, avec recueillement, sans querelles, ni défis, injures, ni violences ?…

TOUS, de même.

Nous le jurons !

AZZOLINO.

Que celui qui faillira à ce serment, soit maudit dans ce monde, et réprouvé dans l’autre !…

TOUS, de même.

Qu’il le soit ! (Chant des orgues. Les trois grandes portes de l’église