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ACTE PREMIER.

cini… n’irrite pas ceux qui veulent bien te faire la charité de leur oubli, et ne nous force pas, crois-moi à changer le mépris en colère !…

CORDELIA, revenant, et les deux mains sur la rampe de fer.

Et toi-même, Guelfe !… écoute bien ce que je vais te dire !… Entre ta race et la mienne, il y a cent ans de fureurs et de haines… ce n’est vraiment pas la peine de nous en épargner une de plus !… Non, je ne donnerai pas à mes serviteurs l’ordre que tu réclames !… Car ce n’est pas le moment d’ouvrir les portes… quand les voleurs sont dans la ville !… (Cris de rage des Guelfes.)

ORSO, les apaise du geste.

Insensée !… qui nous insultes !…

LES GUELFES, furieux.

À mort ! à mort !

CORDELIA, les défiant.

Eh ! tuez-moi donc, lâches, qui êtes là trois cents à menacer une femme ! (Mouvement des archers pour tirer.)

ORSO, les arrêtant.

Ce ne sera pas la mort, misérable, mais la torture !… — Une dernière fois, ouvres-tu ?

CORDELIA.

Non !…

ORSO.

Rentre donc !… et attends-moi, malheureuse… à tout à l’heure !

CORDELIA.

Va donc ! et puisque tu as soif de sang… sois content !… Guelfe… tu vas en boire ! (Elle rentre et disparaît, poussant la grille de fer qui se referme.)