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LA HAINE.

UBERTA, de l’un à l’autre, courant.

Andreino ! Andreino !…

ERCOLE, entrant par la voûte, furieux, avec Tolomei et Sozzini.

Vile ! vile engeance ! Lâcher pied de la sorte !… (Il saisit un des fuyards et le jette à terre violemment.)

UBERTA, sautant sur lui.

Ercole ! — Mon fils ? (Ercole se dégage, sans rien dire et sans lui répondre.)

UBERTA, épouvantée, à Tolomei, même jeu.

Mon fils ?…

TOLOMEI, se dégageant.

Ah ! pauvre femme !…

UBERTA, poussant un cri terrible.

Tué !… Ah ! bourreaux ! Ils me l’ont tué ! (Elle s’élance sous la voûte et disparaît en criant tant qu’on peut l’entendre.) Andreino !… mon fils !… mon enfant ! mon enfant !… (Sozzini monte sur la rue haute avec des gens armés de haches, et pendant ce qui suit frappe à coups redoublés sur la voûte. — D’autres Gibelins entassent en toute hâte des madriers et d’énormes pierres sous la voûte du fond, pour en interdire le passage.)

ERCOLE, aux Contrades dispersés, effarés, dans les coins ou à terre vers la droite.

Lâches que vous êtes ! — Un enfant se fait tuer, et vous jetez vos armes !

UNE VOIX.

Nous sommes trahis !

GRAND NOMBRE DE VOIX.

Oui… trahison ! Trahison !…

ERCOLE, hors de lui et marchant sur eux.

Il n’y a de trahison que la vôtre !… Misérables ! (Murmures.)

UNE VOIX.

Vive Guelfes !

LES FUYARDS, disparaissant sur le voûte de droite.

Vive Guelfes !