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ACTE PREMIER.

TOUS, épouvantés.

La porte est prise ! (Les femmes se dispersent, en poussant des cris d’effroi. — Les arbalétriers s’élancent sous la voûte, tandis que d’autres rentrent en scène pour charger à leur tour. — Grande agitation en haut et dans la rue Camollia ; les gens courent, vont et viennent connue des fous ; Les femmes s’appelant, appelant leurs enfants, leurs maris. — On ferme les volets, les grilles. — Tumulte, désordre. — Le bruit des clairons, des tambours et du combat se rapproche toujours, quoique lointain encore.)

UBERTA, redescendant, rassurée.

Il n’y est pas ! (Elle va pour courir sous la voûte de gauche.)

UN ARCHER, l’arrêtant.

Où vas-tu, toi ?

UBERTA, voulant se dégager.

Mon fils !…

L’ARCHER.

Eh ! au diable ton fils et toi !… hors de là !… (Il la rejette violemment sur la gauche, d’où elle épie anxieusement le moyen de passer malgré eux.)


Scène VIII.

Autres Combattants, puis ERCOLE, TOLOMEI, SOZZINI.

(Une masse de Gibelins envahit la scène par les deux voûtes de gauche et du fond, et par la rue hante, dans tout le désordre d’une déroute, vociférant ; — un blessé tombe sous la voûte du fond, où un moine l’assiste.)

GIBELINS.

Sauve qui peut !… Au Campo !… Trahison ! trahison !… (Les uns jettent leurs armes, et se sauvent à toute bride, malgré les efforts des autres pour les retenir ; d’autres, blessés, tombent assis, épuisés ; d’autres se précipitent à la fontaine, et boivent avidement.)