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LA HAINE.

GIUGURTA.

Eh bien ! alors ?

UBERTA.

Ah ! s’il le faut ! prends-le donc… (Se jetant à son cou.) Mais rends-le moi !

GIUGURTA, ému.

Oui, oui, je te le rendrai… Allons, embrasse-moi, voyons !… et du courage !

ANDREINO, accourant armé, gaîment.

Me voilà ! seigneur !… (Il s’arrête, saisi, en voyant sa mère en larmes.)

GIUGURTA, lui montrant sa mère.

Embrasse ta mère ! (Il le jette dans les bras d’Uberta qui en sanglotant l’embrasse comme une folle. Détonation plus proche. Au coup, la douleur d’Uberta redouble, et elle reprend dans ses bras l’enfant pour l’embrasser de nouveau, en l’entraînant à droite, où elle tombe assise, l’enfant à ses genoux.)

UBERTA, sanglotant.

Encore… Ah ! mon Dieu ! encore ! toujours !… Si c’était la dernière fois ! (Détonations plus fortes.)

GIUGURTA, se tournant vers le fond.

Allons ! voici l’attaque ! — Y sommes-nous, là-bas ?

ERCOLE ET LODRISIO, du fond.

Oui !

GIUGURTA.

Alors, en avant ! (Les clairons sonnent, les tambours battent et les Contrades en armes s’ébranlent au fond et défilent dans la rue Camollia en chantant leur chant de guerre.)

CHŒUR.
Au vent déployez la bannière ;
Battez tambours, sonnez clairons !
Dieu des combats, Dieu de la guerre
Prêts à mourir, nous t’implorons