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LA HAINE.

UBERTA, effrayée.

La sienne ?

GIUGURTA.

Sans doute ! — Va-t-il rester là à tenir tes fuseaux… quand on sonne l’appel ?

UBERTA.

L’emmener aussi !… lui ! lui !… mon Andreino ?

GIUGURTA, l’interrompant.

Eh bien, n’est-il pas de sa Contrade ?

ANDREINO, se redressant.

Si j’en suis !…

GIUGURTA.

Alors, tes armes, et en route ! (Il remonte pour parier à Lodrisio.)

ANDREINO, à sa mère, tout joyeux.

Quand je te le disais ! Tu vois bien, mère, que je suis assez grand pour me battre ! (Il rentre, en courant, sous la voûte.)

UBERTA, dans le plus grand trouble.

Se battre ! lui ! cet enfant !… Allons, c’est de la folie !… Tu ne vas pas l’emmener se battre ?

GIUGURTA.

Andreino !… Pourquoi non, puisqu’il ne demande pas mieux ?

UBERTA.

Ah ! je crois bien… A cet âge, connaît-on le danger ?… Il s’en amuse !

GIUGURTA, allant à la fontaine reprendre ses gantelets.

Allons ! nourrice ! Tu sais bien quand sonne l’appel des Contrades que ce n’est pas à l’un de mes hommes à s’y dérober ?…

UBERTA, le suivant.

Un homme ! bien ! mais lui ! lui, enfin, cet enfant !… voyons !…

GIUGURTA.

Enfant, soit ! Je te le prends enfant, je te le rendrai homme !