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LA HAINE.

LE LUCQUOIS, au Pisan.

Laisse donc !… Un Bolonais !

LE BOLONAIS.

Un Bolonais vaut mieux qu’un Lucquois comme loi, esclave !

LE LUCQUOIS, jetant son ballot et s’élançant sur la charrette.

Esclave ! (On le contient.)

LE BOLONAIS, tirant son contenu.

Oui, esclave !… Vous n’êtes bons, vous autres Lucquois, qu’à laver la vaisselle des Pisans.

LE LUCQUOIS ET LE PISAN, prêts à prendre la charrette d’assaut.

Racaille de Gibelins !…

LE FLORENTIN ET LE PÉROUSIEN, prêts à secourir le Bolonais.

Canaille Guelfe !… (Au moment où ils vont en venir aux couteaux, coup de canon plus rapproché.)

BRAGUELLA, sous la voûte.

Ça chauffe ! — On va fermer les portes !

TOUS, rengainant.

Les portes ! Oui ! oui ! Partons !

LE PISAN, montrant le poing.

Mais nous nous retrouverons !

LE BOLONAIS, entraînant ses bœufs ;
LE FLORENTIN et LE LUCQUOIS, se menaçant.

Sois tranquille !… (Tous détalent vivement avec leurs ballots par le fond et par la droite).

BRAGUELLA, mettant une de ses jarres sur son épaule.

Et voilà l’amitié qui règne depuis les Alpes jusqu’à la Sicile !… (Sons de trompettes au fond.)