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charitable de Cordelia, se réjouissent même de l’amour qui en résulte ; mais ils n’acceptent pas facilement la mère pardonnant au meurtrier de son fils. — C’est qu’ils oublient qu’Uberta est une fervente chrétienne, et que c’est pour elle un argument triomphant que ce cri de Cordelia « — Ce fils que tu pleures… tu ne le reverras jamais… si tu ne sais pas d’abord pardonner comme lui ! »

Quant au dénoûment, vous le trouverez ici, Monsieur, tel qu’il a été conçu et sans aucun des sacrifices que j’ai dû faire, avant la première représentation, aux défaillances d’un artiste malade.

Cette fin a paru trop sombre ; et l’on m’a conseillé de ramener tout le Peuple aux cris d’Orso : « — Pour qu’il eût, du moins, la consolation de rendre l’âme au milieu de la foule ! » — Serait-ce une consolation ?

D’autres, sans rien proposer, déclarent cette mort, dans l’isolement et l’abandon, un châtiment trop effroyable. — J’ai peur que ces personnes-là ne jugent trop de mes héros par elles-mêmes. — Orso et Cordelia ne sont pas des Athées de ce temps-ci… mais des Fidèles de ce temps-là !… qui n’en sont plus à se demander, avec Platon : « — Si ce n’est pas la Vie qui est la Mort, — et la Mort qui est la Vie ?… » — Ils ont le bonheur d’en être parfaitement sûrs. — Cette fin, qui leur ouvre le ciel, n’est donc pas le châtiment… c’est le salut. « — Quittons ce monde, dit Cordelia,