L’Orso qui a pris ta ville, Giugurta !… l’Orso (Montrant Cordelia.) qui l’a outragée !… l’Orso qui m’a tué mon fils !… — Ta sœur nous en a vengés tous les trois,… en le poignardant !…
Toi ?… (Cordelia, toute à son anxiété, incline faiblement la tête, sans pouvoir dire un mot.)
Et seule ! — Embrasse-la, va !… elle est digne de toi ! Et c’est une vraie Saracini, celle qui l’a tué de la sorte !…
Blessé seulement, blessé !…
Mais à mort !… n’en doute pas, Giugurta !… quoiqu’ils nous aient enlevé son corps !…
Ô digne fille de ma race,… donne cette main que je la presse sur mes lèvres !…
Ne parlons plus de cela, et laissons ce malheureux en paix !…
Bien ! s’il est mort !… Car s’il n’est que blessé, comme tu le dis !…
Eh ! blessé aussi,… qu’importe à présent ?…
Qu’importe ? Parler ainsi,… après ce que tu as fait !…
Mon Dieu ! j’ai fait ce que j’ai fait… le ciel a fait le reste ! S’il l’a sauvé, c’est qu’il l’a jugé digne de pardon !… (A son frère avec anxiété.) Tu ne l’achèverais pas, toi-même, à terre, et blessé, n’est-ce pas ?…