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ACTE TROISIÈME.


Tableau DEUXIÈME.

La place. — Au fond, le portail de l’église Saint-Christophe, dont les portes pendent brisées à coups de hache, et où brille faiblement la lampe du sanctuaire. — À gauche, une rue qui monte vers une voûte surmontée d’une tour, et au premier plan, une Madone avec sa lampe, et trois marches au pied. — À droite, le mur du cimetière, au-dessus duquel on voit les cyprès, et plus haut, la porte du cloître. — Au milieu de la scène, une fontaine ornée d’une colonne portant la Louve. — Çà et là des gens tués, surtout dans la rue qui monte. — Le tout éclairé par un admirable clair de lune.


Scène PREMIÈRE.

CORDELIA, UBERTA.
UBERTA, au milieu des corps, sur les marches de la rue haute.

Quand je te dis qu’il n’y est pas !…

CORDELIA, après avoir regarde tout autour d’elle.

Non !… Non plus !… Sa trace, du moins ?…

UBERTA.

Du sang !… Il y en a partout !…

CORDELIA.

C’est vrai… Et la lune indifférente luit sur tout cela !… (Montrant un tas de cadavres dans la rue.) Oh ! l’horrible chose, là-bas !

UBERTA.

Oui ! — C’est dans un tas pareil que j’ai trouvé mon fils, sous les autres !…

CORDELIA.

Et ta vengeance t’échappe avec la mienne !… Ah ! non ! non ! Il nous le faut ! — Cherche là-bas, et moi de ce côté !