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vacances d’hier.

Elles ne songent point à livre fermé et ne prolongent point leur plaisir par la réflexion. Elles se contentent de saisir au vol l’opinion du grand critique en cours, afin d’en tenir une toute prête, le cas échéant.

Elles sont, à la fois, positives et superficielles, sectaires et creuses…, et il n’est guère qu’en province, cousine, qu’on sache encore lire, et apprécier pleinement et fidèlement ses vieux amis, les livres.

Cela est si vrai, cousine, que, dans cet immense hôtel, d’où je vous écris, j’ai remarqué des fillettes de quinze ans, des jeunes hommes de dix-huit ans, Français des deux sexes, qui jouaient des heures au bridge, en tournant le dos au spectacle merveilleux de la montagne : je n’en ai pas vu un seul tenant le moindre volume entre ses mains.

Et cependant, cousine, c’est plaisir des dieux que de savourer un bon ouvrage, une belle œuvre, à l’ombre des pins odorants, dans un murmure de sources fraîches, et de rêver, ensuite, les yeux perdus dans une forêt de verdure qui semble monter jusqu’au ciel. De notre temps, cousine, on ne s’occupait peut-être pas assez de fortifier nos santés ; on négligeait les jeux de plein air, et notre beauté physique et nos muscles, et c’était un tort…