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la jeune fille.

tographies, de cinématographes et d’images exactes, soupçonne la Grèce divinement émouvante, harmonieuse et ensoleillée que nous vîmes, avec toutes les ardeurs de notre imagination, à travers les récits de Taine et d’About…

Car nous lisions tout, cousine, — sauf les bouquins inconvenants, qui, d’ailleurs, à cette époque, ne sévissaient guère. Les longues heures de nos vacances nous faisaient paraître douces celles que nous passions dans la compagnie sérieuse et charmante d’un Jules Lemaître ou d’un Faguet, alors à l’aurore de leur célébrité. Nous n’étions pas romanesques, dans le sens du mot, parce que nous savions, à n’en pas douter, que la vie matérielle n’est point un roman : mais nous entrions chaque jour plus avant dans le monde plein de poésie où il est si facile de s’évader, dès qu’on sait lire avec son cœur.

Et, tout compte fait, nos vacances nous laissaient d’agréables et profonds souvenirs, et, sans le vouloir, nous gardions dans la vie l’empreinte, la pensée des vieux, des chers amis que nous goûtions si fort : les livres !

Aujourd’hui, cousine, la jeunesse n’a plus le temps de lire pour son plaisir. Dès que les vacances arrivent, c’est un tohu-bohu de bicyclettes, de teufs-teufs sous pression, et de voitures chargées de malles et de caisses. Les pri-