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la jeune fille.

Paris, on retrouvait à son quatrième la vieille bonne qui, pendant l’absence, avait astiqué tout l’appartement ; on éternuait un peu à cause du poivre et du camphre répandus à profusion ; les piailleries de la mère Trochu et le cliquetis des seaux rappelaient assez mal le chant du grillon ; les voix harmonieuses de la campagne s’éloignaient…, et la vie régulière et sage reprenait son cours.

Pendant la saison des vacances, nous étions tenues de balayer nos chambres, souvenez-vous-en, cousine, et de veiller aux taches de nos vêtements ; puis, nous dressions le couvert et prenions la peine de l’enlever, en ayant soin de réserver, dans une grande soupière, les croûtons laissés dans la corbeille qui, chaque semaine, se convertissaient en un pudding aussi magnifique qu’économique… Hormis ces légers services, nous étions libres de notre temps, et nous en profitions pour retrouver, avec des délices incroyables, nos vieux amis, nos chers amis, les livres…

Quelle orgie de livres nous faisions, cousine ! Nous relisions ceux que nous connaissions déjà, y découvrant des grâces nouvelles, nous dévorions ceux qu’on nous abandonnait, et notre royaume, à nous, c’était le monde infini de l’imagination… Mme de Sévigné, d’Artagnan,