Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
la lecture intelligente.

entre tous ? un épisode que tu aies pris plaisir à relire ? un chapitre, enfin, que tu aies préféré ?

Je repassai éperdument toute l’histoire de Paul et Virginie dans ma mémoire, tâchant d’en faire jaillir l’épisode demandé. Hélas ! rien ne vint et je me sentais m’abîmer de confusion.

— Voyons, recommença patiemment mon père, tu dois bien avoir une impression ; je ne t’en demande rien qu’une, cherchons ensemble. As-tu, par exemple, aimé les descriptions ?

Cette fois, j’étais sauvée ; je la tenais, mon impression !

— Oh ! non ! répondis-je vivement, soulagée d’un grand poids, elles sont même bien ennuyeuses : elles empêchent tout le temps l’histoire de Paul et Virginie.

Vivrais-je cent ans que jamais je n’oublierais le rire homérique qui accueillit ma belle réflexion.

Avais-je donc dit une sottise, ou bien une chose très spirituelle ? C’est ce que je ne sus point ce jour-là, car mon père, redevenu sérieux, m’engagea simplement à relire le roman.

— Tu prendras seulement le soin, me recommanda-t-il, de marquer, cette fois, un passage d’une dizaine de lignes qui te plaira, et le chapitre que tu retrouveras avec le plus