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la jeune fille.

confiés ; ne rechignez point sur quelques minutes accordées par surcroît à l’heure réglementaire… Un jour, on s’apercevra que vous rendez l’enseignement aimable, que vos élèves ont pris un goût particulier au travail et font plus de progrès que leurs camarades. Ce jour-là, votre fortune aura des bases solides.

À la future employée, je dirais :

— Mademoiselle, il n’y a si humble emploi qui ne soit susceptible d’amélioration. Apportez-y le meilleur de vous-même. Ne vous contentez point d’être une machine, vivez de la grande vie universelle qui s’émeut et s’ennoblit du moindre effort. Ajoutez un peu de votre pensée au travail qui vous est échu : ce sera la meilleure manière de l’aimer… Et, un jour aussi, on s’apercevra que vous êtes un rouage discret, mais précieux, au grand Tout qui vous gouverne. Là où d’autres n’avaient été que des « mains » ou des « jambes », vous aurez su mettre un peu de votre âme… Ce jour-là, vous serez mûre pour une situation taillée sur la mesure de votre courage et de votre valeur. Vous aurez créé un emploi de toutes pièces s’adaptant exactement à vos capacités ; vous aurez échafaudé votre bonheur.

Ainsi je sortirais, pour chacune de mes amies en quête d’une position sociale, un petit discours et j’en garderais un dernier en réserve