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la meilleure raison du succès.

une leçon ; je sais des employées qui, malgré leurs prétentions, n’occuperont que des emplois subalternes et des écrivains qui ne placeront pas une ligne de copie.

Est-ce à dire que ces travailleuses soient dépourvues de tout mérite ?

Assurément non, elles n’en manquent pas ; mais elles ont le grave tort de s’en croire davantage et d’estimer que leurs titres les dispensent du moindre effort personnel. Il ne leur vient pas à la pensée que l’on puisse douter d’une supériorité affirmée sur parchemin, et cela est une chose digne de remarque que, quelque situation qu’on leur propose, ou qu’elles occupent, elles la jugent au-dessous de leur valeur. Partant de cet orgueilleux principe, elles n’ont point de peine à se persuader que toutes les faveurs, toutes les preuves d’amitié, leurs sont dues, ce qui leur épargne les sentiments de gratitude si doux aux âmes bien nées.

Ce sont, en général, des professeurs médiocres, des employées insupportables, des êtres envieux et qui ne réussissent pas. Ils s’en prennent au ciel, à la terre, au genre humain, de leur déconvenue ; ils crient à l’injustice et, parfois, au scandale… Une seule idée ne les effleure pas : c’est qu’avec un autre caractère, ils se fussent ménagé une place enviable.