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la jeune fille.

son indépendance à la force du poignet, et, par surcroît, s’il se peut, la fortune, la réputation, les honneurs ; et c’est plaisir de voir l’ardeur ambitieuse qui anime toute la jeunesse d’aujourd’hui… Mais cela devient aussi un peu inquiétant, dès que l’on songe combien la plupart de ces enfants sont mal armées pour la lutte.

Elles se font du succès l’idée la plus fausse, la plus saugrenue ; elles l’attribuent à des causes multiples et diverses : les relations, les parchemins, les protections, la culture intensive, la hiérarchie, les titres ; elles oublient toujours d’y admettre cet admirable facteur : le caractère.

Or, plus j’avance en âge, plus je m’aperçois que le caractère est la raison initiale, décisive, du succès. C’est lui qu’on devrait assouplir, fortifier, soigner, embellir, rendre charmant ; c’est lui qui ouvre la porte des triomphes durables et sait retenir le bonheur…

Ne vous y trompez pas, cousine. Les connaissances supérieures, les sciences transcendantales, les témoignages de satisfaction décernés par de hauts mandarins, ne sont rien, ou peu de chose, quand on ignore l’art de les accommoder à la vie. Je connais des bachelières qui ne garderont jamais d’élèves, et des prix du Conservatoire qui courent éperdument après