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le brevet.

de l’ordonnance d’une maison, ou celles, mieux faites pour charmer, des arts d’agrément.

Que voulez-vous, par exemple, qu’un garçon aux appointements de trois mille francs par an fasse d’une compagne qui n’apporte aucun revenu à la communauté, mais jette à pleines mains, dans un ménage modeste, une érudition qui lui sert tout juste à mieux mesurer sa misère ?

Il ne se passe pas de jours que je ne voie arriver, dans mon bureau, quelque femme à l’allure posée, à l’œil triste :

— Nous joignons mal les deux bouts à la maison ; j’ai reçu une éducation solide…, mon brevet supérieur ! Mon mari ne me permet pas de donner des leçons, car cela lui ferait du tort dans le métier indépendant qu’il exerce ; alors, j’ai pensé (ici, la voix s’embarrasse toujours un peu), j’ai pensé… Voilà… Je fais… les vers assez gentiment… Croyez-vous qu’un journal accepterait ceux-là ?…

Et comme, pour s’excuser d’une telle audace, très timidement, elle ajoute :

— Je serais si contente de gagner ma part dans le ménage ; je n’ai pas eu de dot ; et, vous comprenez, c’est dur, possédant une instruction au-dessus de la moyenne, d’être réduite aux basses besognes que je fais chez moi !

Et le petit rouleau noué d’une faveur rose