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la jeune fille.

fesse l’une d’elles ; mais Jeanne a passé son examen supérieur ! (Voilà, en vérité, une belle compensation !) Jusqu’à présent, elle ne s’est point servie de son instruction, car son père occupe une situation libérale, et il ne serait guère convenable que notre fille donnât des leçons ; mais on ne sait ce qui peut arriver, et, dans l’ignorance où nous sommes des destinées que Dieu réserve à notre enfant, nous l’avons élevée de façon qu’elle pût indifféremment faire un beau mariage, ou gagner sa vie, dans le cas où nous viendrions à lui manquer. »

Eh bien ! ce genre de confidence me fait bouillir, et il me semble impossible qu’on puisse raisonner plus faux. Savez-vous le sort réservé à ces malheureuses, qui, pour tout potage, apportent, dans leur corbeille de noce, un parchemin stérile ?… C’est que, selon l’expression pittoresque et gauloise de nos grand’mères, elles resteront éternellement le… (vous savez quoi) entre deux selles. Car, de deux choses l’une : ou il faut attaquer bravement le métier d’institutrice ou de professeur, à l’âge où on a tous les courages, et s’y faire, sans fausse honte, une situation, en suivant carrément la filière : agrégation, licence, etc. ; ou laisser cet examen aux professionnelles, et apprendre les sciences plus intimes du ménage, de la couture,