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le courage des jeunes filles.

l’examinateur, un peu énervé de ce déluge intempestif.

Un silence, puis le bruit d’une moucherie.

— Voyons, mademoiselle, vous avez déjà vu un thermomètre, interrogea le juge compatissant. Comment le gradue-t-on ?

Nouveau silence. Il ne sortit pas un son de cette bouche têtue, si ce n’est le bruit exaspérant d’inutiles sanglots.

Naturellement, cette jeune personne fut refusée.

— Elle possédait sa physique sur le bout du doigt ! expliquait, dans le couloir, son institutrice.

— J’ai eu peur, mademoiselle ; je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer, disait, pour s’excuser, cette molle créature.

— C’est stupide de trembler comme cela, surtout quand on sait, observa, non sans amertume, le professeur.

Et j’avais envie d’objecter :

— Ce n’est pas de trembler qui est sot, c’est de n’avoir pas l’énergie de dominer la peur ; là seulement commence le vrai courage.