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le courage des jeunes filles.

à une candidate de solfier une leçon de solfège qu’il lui désigna.

La jeune fille — une enfant encore — rougit jusqu’aux oreilles et entama le fragment sans le chanter, en nommant simplement, en mesure, les notes qu’il comportait.

Le vieux monsieur, d’un ton bourru, la rappela à l’ordre :

— Je vous ai demandé de solfier, mademoiselle.

Et il redonna l’intonation d’une voix plus caverneuse que juste :

— Sol, do, sol. Allez, mademoiselle.

À ce moment, une dame, qui manifestait, depuis quelques instants, la plus vive impatience en haussant les épaules, se leva à la stupeur générale.

— Ma fille, lança-t-elle, furieuse, ne chante jamais, monsieur !

— C’est son tort, répliqua vertement le juge, outré d’une telle inconvenance.

Il fourrageait déjà dans son cahier de notes, prêt à y mettre le 0 tant redouté, quand un murmure timide s’éleva :

— Je peux toujours essayer, monsieur, si vous voulez avoir la bonté de me remettre dans le ton.

L’examinateur, à peine calmé, mais surpris, grommela entre ses dents les trois notes :