— Au lieu de jeter au ciel le cri de désespoir échappé au cœur de Musset :
Si quelqu’un nous entend, qu’il nous prenne en pitié,
ne manquez pas, mesdemoiselles de penser :
Si le ciel nous entend, qu’il nous prenne en estime.
Ainsi parla Émile Faguet.
Et cette parole-là, cousine, mérite qu’on y arrête longtemps son cœur, et qu’on tâche d’y conformer sa vie.
Si le ciel nous entend, qu’il nous prenne en estime,
c’est à quoi ne songent pas toujours les femmes.
Jadis, leur faiblesse trouvait une douceur dans ces deux baumes souverains : la Pitié et la Résignation, qui contentaient toutes leurs molles ambitions et n’offensaient pas un servage aveuglément accepté ; Nietzsche traite irrévérencieusement ces deux vertus de « fausses valeurs », et sans doute n’a-t-il pas tort, car rien n’affadit plus l’énergie qu’une résignation trop vite consentie ; et les larmes, les agenouillements, les désespoirs et autres mouvements de Pitié, ne valent certainement pas, aux yeux de Dieu, le plus petit effort inspiré par la volonté de gagner son « estime ».
Mais si aujourd’hui, la Pitié et la Résignation