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la jeune fille.

saisir qui est en lui, et cette bonté qui lui fait penser au chagrin de sa mère, plus qu’au sien, il ajoute :

« Je n’essayerai pas de te consoler, j’aurais plus besoin de me consoler moi-même. Je ne souhaite qu’une chose : c’est que tu supportes le malheur comme je le supporte en ce moment. Je me suis armé de philosophie ; dans quelques jours, je n’y penserai plus ; tâche de faire comme moi ! »

C’est là un des traits les plus saillants de la volonté qui consiste justement à ne jamais regarder en arrière, encore moins à récriminer sur des faits passés, mais à fixer, droit dans son chemin, l’avenir, pour lequel toute l’énergie dont on peut disposer est nécessaire. Et ainsi, chaque jour, l’écolier, instinctivement, affirmait sa volonté. Ah ! oui, Francisque Sarcey la possédait « la chose en soi » formulée par Kant, et il en faisait un bel et brave usage. Comme dans les contes de fée, après beaucoup d’épreuves, il trouva sa récompense, puisque toujours son nom, dans les lettres, demeurera.

Et si ce bienveillant philosophe, qui mettait d’accord ses actes et ses œuvres, nous est particulièrement cher et laisse, dans le cœur de ceux qui eurent le bonheur de l’approcher, un souvenir si profond, ce n’est pas seulement parce