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la volonté.

Et Gréard, qui fut son condisciple et son ami, rappelle, en paroles émues, cette appréciation dans son éloquente préface.

« Le ciel avait-il doué celui qu’on a surnommé plus tard le « critique national » de ces dons étincelants qui, dès l’enfance, marquent les heureuses destinées ? Si vous l’en croyez, vous serez persuadé du contraire, car il ne comptait pour rien et le bon sens rare qui devait guider sa vie, en lui faisant distinguer toujours la bonne route de la mauvaise, et le souci admirable de la vérité qui étayait tous ses jugements, et, le mettant en face de sa concience, l’empêchait par là de se leurrer ; mais il savait qu’il possédait un trésor : la volonté ! Et ce bien lui semblait suffisant pour le mener au bout du monde, — du monde des travailleurs. »

Aucune difficulté ne le rebutait.

« J’écris assez mal, confesse-t-il ingénument dans son Journal, et, tout en sentant que ce que je mets n’est pas bon, je ne trouve rien de meilleur à mettre à sa place. M. Caboche me disait, l’autre jour :

» — Vous êtes, pour moi, une énigme inexplicable. Quand vous traduisez une version, vous avez un style excellent, on se dirait : « Voilà un élève qui a étudié avec soin les secrets de l’art d’écrire » : et puis, quand vous vous mettez