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je n’ai pas le temps.

traduiront, n’en doutez pas, dans quelques mois, par une neurasthénie aiguë.

Le travail ou le plaisir, pris en excès, mènent aux mêmes fins. Tous deux ont ce privilège charmant de se servir l’un l’autre de régulateur, et de n’atteindre tout leur prix qu’en s’appuyant réciproquement.

Pour le repos de notre conscience, il me semblerait utile que nous tracions de la vie que nous devons mener une sorte de programme rationnel, casant en bon ordre nos obligations, nos devoirs, nos délassements ; sans qu’aucune attribution empiétât sur le domaine de la voisine, nous classerions avec soin les cases de notre esprit et les trésors dont notre volonté dispose et, du coup, nous supprimerions de notre répertoire cette phrase creuse et inexpressive, qui est l’excuse obligée de la paresse et du désordre :

— Je n’ai pas le temps !

Il y a temps pour tout dans une vie bien organisée. On ne saurait croire le nombre de choses, d’occupations et de plaisirs qu’on peut faire tenir dans une existence réglée avec intelligence, esprit de suite, pondération et bonne humeur.

Un jour, cousine, je pris une excellente leçon auprès d’une de mes amies, — mère de famille très occupée, — professeur sans fortune